Lors d’une discussion avec un collègue écoutant au numéro
vert écoute dopage, nous échangeons autour d’une anecdote concernant les
compléments alimentaires.
« Bonjour, je
fais de la musculation et je voudrais avoir des renseignements sur un
complément alimentaire : le « patator* ». J’ai entendu dire que certains compléments
alimentaires n’étaient pas très clean alors je me renseigne. Je voudrais faire
une cure de deux mois car à la rentrée je pense aller à la salle de muscu au
moins 3 heures par semaines. »
La dernière fois qu’il a reçu ce genre d’appel, mon collègue
avoue qu’il a eu du mal à garder son sérieux et la neutralité
bienveillante qui caractérise le travail de l’écoutant.
Ce type de demande est caractéristique des évolutions
actuelles de la pratique sportive où les
compléments alimentaires ont acquis un statut des plus étonnants : ils
sont devenus un élément tellement associé à la pratique sportive et à la
performance que leur présence devient indispensable même à la seule pensée de
se mettre à faire un peu de sport. Au
point de détrôner l’achat de la paire de basket ultra technique dernièrement
mise au point par machin truc.
C’est une caractéristique du sport moderne : la
protéine est la béquille motivationnelle de beaucoup de sportifs, ceux du
dimanche comme certains sportifs professionnels pour qui la consommation de
protéines, d’acides aminés, de boissons
énergisantes sont fortement intriqués avec l’entraînement.
A l’origine, ce genre de supplémentation correspondait à des
besoins effectifs pour pallier aux conséquences de l’exercice physique
intensif. Au fil du temps, la
consommation de ces suppléments s’est élargie, vers des pratiques de moins en
moins intenses pour aboutir à des situations absurdes : consommer
sans en avoir le moins du monde besoin, consommer avant même de
pratiquer !
A défaut de s’entraîner, pour certains, boire du patator c’est déjà faire
du sport !
* patator : terme générique utilisé par certains
sportifs pour parler des compléments alimentaires visant la prise de muscle.